On approche du premier mai, ça fait donc un mois que j’ai commencé la construction. Oui j’ai démarré un premier avril mais je n’ai pas choisi c’est parce qu’à cette date j’ai enfin trouvé un dock . 90 m² à deux pas de mon boulot, il n’y a pas de baie vitrée donnant vue sur la mer, même pas un hublot pour voir dehors. Mon horizon c’est la fin du chantier et je pédale à fond pour m’y rendre.
Comme la sortie du local est plutôt étroite et pas directement sur la plage, il faut construire les pièces qui seront acheminées au bord de l’eau pour y être assemblées. Il y a évidemment la coque, la nacelle, les deux bras de liaison, le balancier, les étraves et le roof.
La nacelle a été découpée et assemblée en premier, comme ça je dispose déjà de mon lit dans le dock et même du cockpit où je peux prendre mon petit déjeuner en imaginant la baie ou on ferait comme si j’y étais mouillé. J’y dors profondément et sereinement, pas besoin de surveiller le mouillage, risque pas de déraper pour le moment. J’ai aussi bâti le meuble de la cuisine pour ne pas négliger la tambouille tout au long du chantier.
Avant de construire la coque, j’ai préparé tous les planchers avec leur structure qui servent de raidisseurs et vont bloquer la géométrie des bordés. Le dessin de la pirogue peut sembler simplissime, il est mûrement réfléchi (c’est pour ça qu’il est simple). Après avoir tracé plusieurs carènes en me demandant quel rocker donner à la quille sur un bateau amphidrome, j’en suis arrivé à la conclusion qu’un fond tout plat assure parfaitement la symétrie sagittale (avant-arrière), donne directement l’inclinaison des axes de safrans (celle d’un fil à plomb) et facilite grandement la construction. Si fait, fond plat. Longueur : quatre planches de 3 m 10, ça doit faire dans les douze mètres et quelques, assemblées par des doublantes à l’intérieur et deux bibiais au dehors. Je laisse les scarfs aux menuisiers qui ont du talent, des moyens et du temps. Premier bordé assemblé tout pareil, raccords aux mêmes endroits, ça fera une ceinture tout autour de la coque. Quant au « plat » que ça peut créer sur les courbes, il y a tellement peu de cintre sur les panneaux qu’il faudra avoir un bon œil pour les déceler.
La réalisation des grosses pièces fournit des chutes que j’utilise pour fabriquer les petits trucs qui généralement prennent beaucoup de temps vers la fin des chantiers ; les marches de la descente, les capots de pont, les secteurs de barre. C’est là que je récupère tout le temps passé à dessiner chaque détail.
La première grosse bourde a eu lieu cette semaine et je m’en mors encore les doigts, pas facile pour utiliser le clavier. J’avais dessiné (pas sur le sable) un demi-douzaine de modèles d’étrave dont la dernière, permise par un changement de format de contreplaqué, me satisfaisait pleinement, me ravissait même. Et bien comme un c.. j’ai découpé selon la version antérieure. Ce qui fait que le bateau n’aura pas ce beau nez en cimeterre et que j’ai une grande et bête chute de bois. J’enrage au point de me demander si je ne vais pas faire la deuxième étrave différente…
Bonjour Franck,
ravie de recevoir ce message.
Je suis très heureuse de voir que tu ne lâches jamais rien ! te voilà « en route » pour un nouveau projet de vent et de mer.
De tout coeur avec toi.
Christine de Gecko (Mayotte)