Ces nouveaux moyens de communication sont épatants. Il permettent à un mec aux antipodes de la Manche de suivre en direct la course du Figaro . Et cette troisième étape fut palpitante. J’aurais tendance à envier des marins qui naviguent en ce moment en Bretagne, mais là j’avais mal pour ceux qui partaient en marche arrière dans le raz Blanchard, voyaient leurs copains à 200 m devant se trisser gentiment et la meute de ceux qu’ils avaient dépassés revenir pour un genre de nouveau départ. Gardent-ils leur calme ?

La nacelle du prao est conçue comme deux boîtes reliées par le plancher du cockpit. Il m’est apparu judicieux d’ajouter un raidisseur en dessous du côté balancier pour que l’ensemble se tienne avant le montage. Ça fera également un bon renfort pour les tirants de liaison au flotteur . Il a donc fallu que je lève la double boite de 250 kg, un petit peu, juste pour passer et coller la poutre. Donc allongé dans la poussière, le rouleau de bibiais imbibé dans la main gauche, le pinceau dégoulinant dans la droite, le cou toujours raide et bien douloureux des suites de la gamelle à vélo, je m’appliquai à faire bien du premier coup pour ne pas avoir à revenir dans cette position pénible. Et j’ai plutôt bien posé ma bande en rampant sur le dos, en poussant des coudes les avant-bras toujours en l’air. Restait plus qu’à couper et c’était joué. Ah, mais le petit bruit métallique entendu alors que je m’allongeai, c’était celui de la paire de ciseaux glissant de ma poche et qui brillait maintenant à quatre mètres de moi. Le rouleau de tissu précairement coincé sur la poutre, je fis au plus vite pour me saisir de l’outil, mais la gravité plus rapide entraîna ma belle bande de bibiais bien imprégné dans la poussière et sur ma tronche. Tout mon lexique de jurons y est passé, à tous les modes ; nominatif, datif, ablatif et vomitif. Après avoir crié à l’éternel créateur ce que je pensais de lui, j’ai reposé cette p… de bande, avec les deux mains si vous le voulez bien puis j’ai ouvert une boite de macédoine de légumes. J’avais faim. Je ne connais pas assez de gros mots pour courir le Figaro qui est sans doute la course à la voile en solo la plus exigeante. Chapeau aux gars et aux filles qui s’y bagarrent.

Il me manque toujours du bois pour finir le roof et les bras de liaison, le livreur est en vacances. Alors je papillonne, je fête de la musique et je construis un portail et une niche pour le chien du voisin. Je me surprends également à poser de l’enduit de finition mais si je continue, on risque de manquer de résine…