Mon voisin est chinois, il est aussi con, fou et dangereux.
Avant de louer le dock je lui avais rendu visite afin de savoir si je pouvais construire ici, en tenant compte du bruit généré et des heures où je suis susceptible de travailler. Comme il n’y voit pas d’inconvénient, je signe un bail, rentre un peu de contreplaqué, quelques outils et je m’y mets. Le premier soir, le niakoué s’incruste en éteignant la lumière : « ça ne va pas de faire ce bruit (je découpais du 9mm à la scie sauteuse), moi je travaille dans la restauration, j’ai déjà eu un problème avec un voisin à Paris et j’ai été obligé de lui casser son plafond… ». Mauvais début, que je me suis dit. Pendant les six mois de la construction, j’ai donc bien fait attention à ne pas utiliser de machine après 20h. Au fil des semaines mes efforts de diplomatie ont amélioré nos relation.
Comme il a peur de se faire cambrioler (son local est bien pourvu en alcool et en argent liquide), il a acheté un chien. Pas n’importe quoi, un malinois qui lui est revenu à 400 000 francs avec le dressage, les vaccins… Pour montrer ma bonne volonté, j’ai même construit le chenil et un portail. Il y a un mois, il est parti en Chine en me laissant le chien à garder car le gars qui devait s’en occuper (s’il a jamais existé) lui avait fait faux bond. La semaine suivante, un fieffé chauffard a shooté le clebs sur la petite route qui passe derrière. Je suis allé récupérer une voiture au boulot pour emmener le cadavre chez le vétérinaire. (Pendant ce quart d’heure, une pétasse a pris le chien en photo et l’a diffusée sur facebook…). Pas d’autopsie ni incinération possible chez le véto, j’ai acheté une pioche et j’ai enterré l’animal dans le jardin à côté.
Pas moyen de prévenir le propriétaire, Internet n’atteint pas la Chine évoluée. Il a donc appris le décès de son toutou en arrivant. Et m’a réclamé 200 000 francs pour le soulager de son chagrin ! Il me dit que son père est mort l’année dernière, que sa femme l’a quitté il y a six mois (il la battait, on dit même qu’il la ligotait, mais on dit des choses…), qu’il a des problèmes financiers etc, et moi je ne peux pas en placer une. Je refuse de payer mais encore une fois pour montrer bonne volonté je lui propose de bricoler dans l’appartement qu’il aménage à côté. « Alors tu me dois 140 heures de travail » (le chinois commerçant calcule vite), sinon je ne pourrai pas sortir mon bateau du dock. Je me rappelle alors le voisin parisien et commence à poser son carrelage, non sans avoir déposé une main courante à la gendarmerie.

Et voilà comment je me retrouve au sol à étaler des dalles de 600×600 sur une chape très vague. Je ne me croyais pas capable d’un boulot aussi dégueulasse. Deux conseils : n’allez jamais chez lui, mais si jamais vous entrez, levez bien les pieds. Le chinois a fait là un mauvais calcul ; je perds mon temps en me cassant le dos, et lui perd deux tonnes et demi de faïence. Comme mon dock n’est pas équipé de sanitaire, j’y ai installé des toilettes sèches que je vais occasionnellement vider dans la campagne alentour. Aujourd’hui je l’ai versé dans la gâche. Indirectement, j’ai chié dans la colle, pour voir si la matière fait cale. Ça n’avance à rien mais ça soulage.
J’attends désormais avec impatience les réponses des transporteurs que j’ai sollicités et pouvoir me sortir de ce m…ier. Et pendant ce temps là, le bateau ne progresse pas.
Bonjour ! Je decouvre ton blog sur le Proafile. Je fais un bond de……. de…. de…… 45 ans en arriere !!!! Du temps ou je m echinais comme chef d equipe pour le systeme d evacuation des eaux de pluies de la route autour de la baie de Numbo qu on allait goudronner… !!! Je trainais aussi chez Marquez, le charpentier de marine sympa et j ai participe au betonnage de deux ou trois coques a 50 m de son chantier… Je bossais au dock de la Citra, un peu plus haut (je m apercois que j oublie la topo de Noumea !). Noumea a certainement change depuis, vu toutes les constructions (a la tele), et les nouveaux habitants… Ceci dit, j abrege, je n ai jamais navigue en prao et plus navigue depuis des lustres, a part des ronds dans l eau (ici sur Albin Vega). Mais toujours a fouiner dans les magazines et internet pour les multicoques puisqu ici en Norvege, a cette hauteur, il n y a que des monocoques et surtout des motor boats. Ton prao que tu as dessine, je te souhaite d arriver au bout. Et de visiter le Pacifique comme j ai fait en quittant le Caillou, equipier sur un 12 m en cp… D y penser m a parfois aide a survivre. Kenavo ! Bonne chance a toi et au proa.