Est-ce une pause ou une entorse ? Le chantier a été délaissé pendant près d’un mois pour une virée en Nouvelle Zélande. Nous préparons ULTRAVIOLET, un catamaran open de 43 pieds, pour la Groupama, course autour de la Nouvelle Calédonie qui aura lieu fin juin. Elle se déroule tous les deux ans. Notre participation en 2018 était un essai, cette fois-ci on compte bien faire un résultat. Il nous manquait une grand voile digne du bateau, c’est ce qu’on est allé chercher chez les kiwis.
Un départ de nuit face au clapot du lagon puis aux vagues du large, au près entre 10 et 12 nœuds par 15 de vent. À ce rythme, on était contents de trouver un peu d’abri sous l’île de Norfolk où on s’est arrêté au soir du deuxième jour, le temps de prendre un repas chaud. Ensuite le vent a graduellement faibli jusqu’à la pétole complète. Il a fallu jouer avec les brises thermiques pour arriver à Auckland après 6 jours de mer.

Quel que soit le pays, les fonctionnaires officiant dans les administrations se ridiculisent dès qu’ils font du zèle. Les onze crétins qui ont fouillé notre bateau pendant deux heures le confirment. Désormais, pour se rendre en NZ, il faut les informer au moins 48 heures à l’avance. Pour l’avoir ignoré, on a eu droit à un sérieux interrogatoire. On avait bien fait une demande de visa à l’avance mais il semble que les services ne partagent pas leurs informations. Bref, formalités-galère et en plus, en recherchant le ponton de quarantaine, on a manqué s’emplafonner l’AC75 des kiwis. Au moins on l’a vu de près !

Les deux semaines de séjour furent occupées à fabriquer la grand voile. 70 m² d’un tissu noir et léger, des renforts aux points sollicités, des goussets pour les lattes et des tas de petites finitions qui font propre et joli. Jean-François notre maître voilier tient à sa réputation. Le gréement d’ULTRAVIOLET a donné des signes de fatigue alors on l’a changé et allégé en remplaçant l’inox et les ridoirs par du textile et des brelages. Ces nouveaux matériaux sont moins lourds, moins chers et ne nécessitent qu’une aiguille à épisser au lieu d’une presse à sertir ; que demander de plus ?
Reprise en main du bateau qui marche beaucoup mieux avec sa belle voile et ces kilos en moins et on repart vers la Nouvelle Calédonie avant que les cyclones ne sévissent. Pour la remontée, c’est plutôt l’anticyclone qui nous joue des tours en grossissant au fur et à mesure qu’on essaie de s’en éloigner. On ne touche vraiment du vent qu’à l’arrivée à l’île des Pins où le flux d’Est est accéléré par la côte et on avale les derniers miles entre 15 et 20 nœuds sur une mer bien plate ; un bonheur à faire oublier les heures de pétole passées à scruter l’horizon à la recherche de la moindre risée.

Comme nous n’étions que deux à naviguer, les longs quarts m’ont laissé le temps de cogiter «sur site» et de recaler la vison de mon projet. Premier constat, un voilier gagne à être léger. Ce n’est pas une nouveauté mais une confirmation. Dès qu’on avance au près dans la mer, ça tape et ça mouille. L’inertie de chaque kilo contribue à taper et s’oppose à la levée de l’étrave quand la vague passe.

Le guindant de la GV d’ULTRAVIOLET mesure 17 mètres, c’est haut, ça permet d’aller chercher le vent où il est. Pour la régate, c’est bien. J’observe les mouvements de la tête de mat en imaginant les contraintes dans le gréement, visualisées par le vrillage de la plateforme. Le bateau est très solide mais on serait plus tranquille avec un gréement plus ramassé. Sur un bateau de moins de trois tonnes, on arrive à une tension de grande écoute de 12 tonnes. La vitesse est à ce prix et impose un accastillage adéquat donc cher. Je reste persuadé qu’on peut faire efficace sans imposer ces énormes contraintes, quitte à céder un peu en performance. Alors là je repense au gréement pince de crabe et me reviennent des tas d’interrogations dont les réponses ne viendront qu’à une condition : essayer. Je vais donc plancher à nouveau sur cette version et tâcher d’en faire une maquette avant de passer en vrai grandeur. Avant la mise à l’eau.
Looking VERY good!
The race will be yours this year!
Kisses,
Thank you for your support. We still have time to prepare, make some improvement and get fit (the boat and ourselves). Sure we’ll have great fun!
Superbe voile ! En effet je suis en accord avec ta réflexion.
Very nice article, exactly what I needed.