Lorsque j’étais étudiant en mécanique, la prof nous a posé un problème très classique. Celui de la bobine de fil posée sur un plan sans glissement , axe parallèle au plan; on tire sur le fil qui sort par dessous, calculez l’accélération de la bobine. Fastoche, on venait de voir ça en cours ; il suffit de considérer le centre instantané de rotation, un petit schéma avant de poser les équations , on résout le truc en quelques minutes. Il y a bien un « signe moins » qui dérange mais pas plus que ça puisque les valeurs de l’application numérique sont dans le bon ordre de grandeur. Résultat : zéro à l’exercice. Le signe négatif que j’ai gommé sans vergogne avait raison, le fil s’enroule et ce n’est pas en remplaçant bon sens par sens commun que la bobine partira de l’autre coté ! La moitié de la promo s’est plantée (une chance sur deux).
Il m’est arrivé plus grave récemment, lorsque j’ai voulu mettre au point la régulation de l’aile rigide de La Mangue Bleue. Un volet de commande placé en arrière de l’aile faisant reculer beaucoup le centre de gravité de l’ensemble j’ai préféré la configuration canard, étant persuadé que c’était stable. Tellement persuadé que j’ai aussi ignoré les petites erreurs de signe rencontrées dans les calculs d’approche. Résultat : l’aile était impossible à équilibrer, nous obligeant à supprimer le volet de régulation dans un premier temps. Il n’y a jamais eu de deuxième temps, mais c’est une autre histoire. Je n’ai pris conscience de cette bévue qu’il y a quelques mois en cogitant avec Laurent sur la régulation d’un foil immergé.
Ceci veut-il dire que des doutes valent mieux que des certitudes ? Pas toujours ; le doute freine, à trop en avoir on s’arrête. Quand on est sûr de soi on peut foncer, même dans le mur… Les cons ça ose tout c’est à ça qu’on les reconnaît…
Après cette philosophique introduction, voici une présentation du système de gouvernail prévu pour diriger le prao.
La coque est munie de deux safrans suspendus, en rotation sur une mèche verticale qui ressort sur le pont. Un devant, un derrière, les positions s’inversent au changement de bord (shunt) qui est aussi un changement de sens du bateau. Les deux systèmes sont couplés inversés, c’est à dire que lorsque l’un tourne dans le sens horaire, l’autre tourne à l’inverse. J’espère ainsi augmenter le contrôle de trajectoire (la coque 14.5m de long, 0.6m de large, sans rocker, ne va pas avoir envie de tourner) et utiliser la surface du safran de devant comme anti dérive.
Observons l’animation qui montre la manœuvre idéale (la seule sur ce genre de bateau) du shunt. Le vent vient du haut de l’écran. On commence au près tribord amure. Pour la manœuvre, il faut abattre puis arrêter le bateau vent de travers. On borde les voiles de l’autre côté et le bateau repart dans l’autre sens puis on lofe pour se retrouver à nouveau au près bâbord amure. La manœuvre suivante est symétrique. Limpide non ? On remarque un phénomène curieux dans l’enchaînement de ces deux shunts : le safran « de droite » tourne toujours dans le sens horaire, celui « de gauche » tourne toujours dans le sens anti-horaire. Bluffant non ? C’est rigolo mais ça oblige à construire un système qui fonctionne en continu pour ne pas risquer de se retrouver en butée au cours de la manœuvre. On aura alors autre chose à faire que de retourner les safrans de 180°… Si les pelles ne sont pas trop compensées (ce qui est facilement modifiable) elles devraient se mettre en drapeau d’elles-même quand le bateau reprend de la vitesse.

Pour les drosses de transmission de mouvement, j’ai utilisé du Dyneema de 3 mm, épissé en continu donc. Il est enroulé sur des roues en CP. Celles de la barre ont un rayon deux fois plus petit que celui des mèches de safran (deux tours de barre égalent un tour de safran). Il y a une barre par safran et les deux sont couplées inversées par un système débrayable pour deux raisons. Il y a des chances que les roues ne soient pas exactement du même diamètre et qu’après quinze tours les safrans ne seront plus synchronisés. D’autre part, il sera sans doute intéressant de donner une légère différence d’incidence entre les deux safrans pour obtenir un meilleur équilibre de route.

On comprend bien que tout ceci demande de l’expérimentation avant de fonctionner. Je prépare la mise à l’eau mais je prendrai le temps d’étudier tout commentaire avisé. Pour l’heure, je vais passer mon confinement à remettre en état un hors bord qui permettra de pousser la bête jusqu’à son mouillage.
Une bonne godille feras l’affaire !!! pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? Belle initiative, bravo grand souci du détail et de la performance, Occupation majeure par les temps qui courent d’enculeur de mouches.
Un grand apport à la science marine ou de douces élucubrations d’overdoses d’iode et de sodium ? Qui à part quelques collègues fondus pourrait te comprendre ? une élite sans doute! très égoïste. Ou est l’intérêt général?
Encore bravo courage à toi… à bientôt
J’ai testé la godille sur petite embarcation, il faut déjà être costaud, surtout au portant avec un peu de vagues. Avec 1.5 m de franc-bord j’imagine la taille de l’aviron!
L’intérêt général? Ça ne fait de tort à personne c’est déjà beaucoup…
Merci pour les encouragements
Passes à la Muscu!!!!
C’est trop tard pour moi! Et il n’y a pas que le physique qui compte, j’aimerais bien faire auitre chose que barrer en navigant…
Wow that was odd. I just wrote an extremely long comment but after
I clicked submit my comment didn’t appear. Grrrr…
well I’m not writing all that over again. Anyways, just wanted to say excellent blog!
Thank you. Continue to follow, I hope to put the boat into the water this week.