Elle est fraîche au début mais une fois qu’on y est… (Engels)
L’entraînement avant de pousser Bifidule à l’eau fut de sortir Utopia , le trimaran de Laurent, sur la plage au Mont Dore. En chiffres, ce dernier mesure 16.5 m et pèse 6 tonnes, la marée plus ou moins calculée a pu déposer le bateau à une vingtaine de mètres de sa place finale, un plateau de sable d’environ 75 cm d’altitude. L’échouage eu lieu à la faveur de la nouvelle lune le lundi soir. Quelques heures dans l’eau à essayer de remonter au maximum pendant la marée haute nous ont valu à chacun une bonne crève. Puis, à coups de palans, crics, tire-fort, pelle, pioche et râteau pour dégager le terrain, il nous a fallu le reste de la semaine pour arriver à destination. Les Égyptiens faisaient mieux, peut-être parce qu’ils avaient des fouets…

Après ça on s’est dit que descendre un prao à fond plat d’à peine une tonne et demie, le long d’une dalle en béton, ce serait de la gnognotte. J’avais fabriqué un petit rouleau monté sur une chape pour que ça aille tout seul, aidé d’un trans-palette, y avait plus qu’à. Ce fut quand même laborieux et heureusement que les copains venus observer ont mis la main à la pâte. On y a bien passé quatre heures, sans trop de problèmes. Le flotteur du balancier refusait obstinément de suivre le mouvement général et tentait de glisser vers l’intérieur ou l’extérieur suivant son humeur et la configuration du terrain. Il a fini par arriver à l’eau en même temps que le reste en gardant un air penché qu’il va falloir redresser en réglant la hauteur des bras.

Il y a un palier de safran qui fuit ce qui va obliger à échouer le bateau pour y étaler une nouvelle bousée de mastic. Le gars qui a percé les mèches de safran pour y poser les bagues de retenue verticale a dû se planter dans les cotes, ou bien la coque a grossi ; enfin il y a truc à reprendre à ce niveau là parce qu’on ne peut pas monter les bagues. À part ces petits détails l’opération s’est bien déroulée. Et le résultat me plaît.

Pour un peu de détente, je suis allé convoyer un bateau de Lifou à Nouméa le lendemain de cette mise à l’eau. Une centaine de miles au près dans 20 nœuds m’a laissé le temps d’imaginer ce que donnera Bifidule dans ces conditions. Je pense que la coque passera en douceur mais je m’interroge sur la gestion des deux voiles de 20 m² et sur une façon de réduire la surface, sachant que beaucoup y ont pensé avant moi et qu’à ma connaissance il n’y sont pas arrivés. Les discussions que j’ai pu lire dans les rares forums traitant du sujet concluent toujours par : « il n’y a pas besoin de réduire sur les pinces de crabes, il suffit de choquer et la poussée vélique prend une composante verticale ascendante qui soulage le bateau ». Mouais, à voir.

Félicitations mon Président. N’oublie pas de rajouter le flotteur contro-latéral…
Amicalement
Rémy
Tu évoques sans doute un dispositif archimédien exerçant une poussée statique verticale dirigée vers le haut, placé de manière à créer un moment au centre de gravité tendant à contrer celui de chavirage dû aux efforts véliques. C’est dépassé tout ça. Un foil à la rigueur.
Bises
il faut la foi de la jeunesse, pour faire un prao…
Bravo pour les concepteurs illuminés.
joël
La foi , on l’a en effet. La jeunesse, bah, ça dure encore un peu. Il faut aussi une petite dose de … et ça chez nous ça déborde!
bonjour tu en est ou de la oralisation de ta voile pince de crabe?
si tu as des question je peux peut être t aider j ai quelque notion
Bravo d’avoir atteint le dioptre en toute isotropie! Dire que la composante d’Archimède liée à l’air diminue est une excellente nouvelle pour un rêve!
On a même crevé le dioptre qui n’est pas plan, ah ça non. La surface réfléchit la lumière tandis que je réfléchis à mon gréement, les soucis de stabilité viendront en leur temps.
C est quand même bizarre cette forme là….
Vous avez dit bizarre. Va falloir vous y faire, on est au 21e siècle.
laisse tomber tes pinces de crabe, tu mets ton mât au milieu de la coque avec une voile lattée moderne et une bôme sérieuse solidaire d’un balestron dans le prolongement de la bôme. Le point d’amûre du foc étant frappé sur un charriot d’un rail circulaire dont le centre est le mât et qui part à 1 m de chaque étrave et passe par les 2 poutres du flotteur.
là tu auras un bateau qui marche et en laminaire, mais me crois-tu?
jo
Je vais y penser pour le prochain bateau. Le gréement bermudien implique des efforts importants et je cherche à créer un dispositif qui ne demande pas de matériaux exotiques pour bien fonctionner. Je te crois bien entendu et je suis même convaincu qu’un plan de voilure « classique » fonctionne, mais changeons de philosophie!
oui, avoir un foc au 7/8 ème d’un mât rotatif impose une rigidité du mât donc une sorte de mât aile, avec des losanges pour la raideur latérale….
C’est un autre challenge que la construction du prao.
jo
Par la petite surface de tes antidérives, tu es condamné à aller vite pour aller droit et faire du près, je veux dire que tu dois avoir un rendement vélique laminaire efficace
jo
Il est certain que pour ne pas dériver, il faudra une certaine vitesse. Le problème se posera par petit temps et en redémarrage après shunt. La coque une fois lancée ira tout droit, la pince de crabe ne lui fera pas adopter sa démarche (de crabe).